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2 avril 2010

L'ASSASSINAT DE RASPOUTINE

Le 16 décembre 1916, le prince Youssoupoff et quelques autres aristocrates décident de mettre fin à la vie de Grégory Raspoutine, moine débauché, moujik ivrogne, entré dans les faveurs de la famille impériale en raison de ses pouvoirs de guérisseur. Mais la tache, ce soir là, s'avère beaucoup plus difficile que prévu.

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Raspoutine

Grégory Raspoutine vient d'un petit village sibérien qu'il a abandonné un jour pour se consacrer à la religion, la méditation et à l'errance. Après quelques années de vagabondages mystiques, il acquiert dans sa région natale la réputation d'un starets, c'est à dire de saint homme. En 1904, il quitte la Sibérie pour se rendre à Saint-Petersbourg et vient demander l'hospitalité à l'académie de théologie, où il est présenté à l'évêque Hermogène et au grand prédicateur Iliodore. Ceux-ci, aussitôt séduits par sa foi, l'adoptent et favorise son entrée dans la société de la capitale. Dés lors, il commence à faire parler de lui, tant par les miracles qu'il accomplit que par les débauches dont il est l'initiateur.

La cour du tsar Nicolas II vit un drame. Le tsarévitch Alexis, unique héritier de la couronne, est atteint d'une maladie incurable, l'hémophilie, qui le fait atrocement souffrir. La réputation de Raspoutine étant arrivée aux oreilles de la tsarine Alexandra, on convoque à la cour le 'faiseur de miracle'. A plusieurs reprises, il atténue les souffrances du jeune malade ou arrive à stopper des hémorragies normalement fatales. Peut-on parler de pures coïncidences entre les visites de Raspoutine et l'évidente amélioration de la santé de l'enfant? Il est impossible de répondre avec certitudes. Pourtant l'influence apparemment positive que l'homme exerce sur la maladie du petit Alexis explique la source de son emprise sur la tsarine, sur la cour et dans le monde aristocratique de Saint-Petersbourg. La famille impériale lui voue une amitié telle qu'on commence à le désigner comme le 'tsar au dessus des tsars'. Raspoutine profite largement de la fascination qu'il exerce, notamment sur les femmes. Lorsque une jeune fille, de préférence jolie, vient lui demander conseil, il n'hésite pas à abuser d'elle tout en lui parlant de Dieu et de la rédemption. Sa vie de débauches réputées sans bornes ne l'empêche pas d'avoir une cour féminine à sa dévotion, prête à tout pour lui. L'appartement de Raspoutine devient bientôt le lieu de passage obligé de tout les solliciteurs possibles et de personnages importants. En 1916, le président du conseil Sturmer et le ministre de l'intérieur Protopopov participent aux séances de tables tournantes qu'il organise chez lui. Ce rôle démesuré suscite tant de haine et de jalousies dans les milieux influents qu'on finit par lui prêter une activité et une responsabilité politique qu'il n'a peut-être pas en réalité, même si la tsarine est à ses ordres.

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La famille impériale

En 1916, les défaites de la Russie au front et la décomposition de l'état suscitent une vague d'indignation dans tout le pays. Si tout va mal, c'est nécessairement à cause de la mauvaise influence que Raspoutine exerce sur le tsar, et les déconvenue de l'armée s'expliquent, selon l'opinion publique, parce que le starets est vendu à l'espionnage allemand. Dans cette atmosphère de déliquescence, un certain nombre d'aristocrates, dont le grand duc Dimitri Pavlovitch, apparenté au tsar, pensent que l'unique moyen d'aider le pays est de le débarrasser du monstre qu'est Raspoutine. Un jeune prince de dix-neuf ans, Félix Youssoupoff, se sent investi de cette mission.

Le 29 décembre 1916, il invite Raspoutine chez lui, au palais de la Moïka, sous le prétexte de lui présenter sa femme. Avec ses complices, le prince fait préparer des gâteaux imprégnés d'une dose de cyanure capable de tuer vingt personnes et verse de ce poison dans le verre destiné à Raspoutine. Arrivé chez Youssoupoff, le starets s'installe, mange les différents mets qui lui sont offerts et, alors que le cyanure agit normalement en quelques minutes, il continue à se porter à merveille pendant deux heures. Le prince est à bout et Raspoutine redemande à boire. Décidé d'en finir, Youssoupoff prend son revolver et tire à bout portant. A ce bruit, les complices surgissent de leur cachette; un médecin qui examine Raspoutine, conclut qu'il est encore vivant. Bientôt, la respiration cesse et ses assassins descendent le corps au sous-sol du palais. Quelques minutes après, Raspoutine se relève, tente d'étrangler Youssoupoff, se précipite à l'extérieur: il faut quatre balles pour qu'il tombe et des coups de matraque pour défoncer son crâne. Les conjurés enveloppent alors le corps et le jettent dans la Neva. Lorsqu'on retrouve le cadavre dans l'eau, on constate qu'il était encore vivant lorsqu'il avait été jeté dans le fleuve: Raspoutine est mort noyé!!! Cette endurance proprement exceptionnelle contribue à la légende de Raspoutine comme 'surhomme'. Était-il insensible au poison? Cela reste un mystère. C'était, en tout cas, ce que l'on appelle une force de la nature et un tempérament hors du commun.

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Felix Youssoupoff et sa femme

Youssoupoff raconte la fin de Raspoutine:

' ...Raspoutine était mort. Des gouttelettes de sang coulaient de sa blessure et tombaient sur les dalles de granit. Brusquement son oeil gauche s'entrouvrit...et les deux yeux de Raspoutine, devenus étrangement verts et fixes comme ceux d'un serpent, me transpercèrent d'un regard diabolique plein de haine...Comme s'il avait brusquement été pris de frénésie, il bondit d'une détente sur ses pieds; de l'écume coulait de sa bouche. Il était effrayant. Un hurlement sauvage emplit la salle et je vis arrivé sur moi une main aux doigts tordus...Raspoutine ressuscité répétait sans arrêt mon prénom d'une voix sifflante et étouffée. Dans cet homme mourant , empoisonné et transpercé d'un coup de feu, dans ce cadavre que des forces obscures avaient remis debout pour venger sa mort, il y avait quelque chose de si terrifiant, de si monstrueux que, jusqu'à aujourd'hui, quand je repense à ce moment, je suis saisi d'une terreur indicible...Il me semblait que le diable lui-même s'était incarné dans ce moujik... et que ses doigts crochus me tenaient pour ne plus jamais me lâcher... Mais quel ne fut pas mon étonnement et mon horreur lorsque je vis la porte d'entrée s'ouvrir et Raspoutine disparaître dans l'obscurité... Pourichkevitch s'élança à sa suite, trois coups de feu retentirent, puis un quatrième... Je vis Raspoutine tituber puis s'effondrer dans la neige.'

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